Depuis des années, des décennies, une éternité
Nous n’avons et n’arriverons jamais à le dompter
Toujours et à jamais, il nous filera entre les doigts
Pour finir par nous rattraper et nous assassiner sans un émoi
Il est seul juge et sentence, la route de toutes les impasses
Dépourvu de conscience et de sens moral, il continue
Il marche, court et parfois s’arrête, contemplant ces futurs inconnus
Qui par milliers ont écrit et dans un silence glacial trépassent
Nous ne sommes qu’un défilement de lendemains
Dépourvu de saveur, piloté par un intérêt absent
Un enchaînement flou d’images incessant
Qui disparaissent dans un horizon des plus incertain
Nous ne sommes que poussière, un simple regret amer
Des grains sans valeur, qui s’agitent, s’écartent et chutent
Dans un vide d’une froideur absolue, éternellement luttent
Pour qu’enfin, chacun apparaissent, dans son bref instant de lumière
Nous sommes de simples bougies dans une nuit sans vent
De faibles lumières perçants dans l’obscurité
De fragiles et délicats espoirs qu’il finira par souffler
Décidant en cet instant, que nous aurons fait notre temps.
La vie court et nous essayons de la rattraper… Essayons de la vivre, tout simplement !
Fabien, j’ai l’impression que je ne suis pas le seul à avoir été marqué au fer rouge par ces prodigieux vers de Baudelaire, tirés de son poème “L’horloge” :
“Souviens-toi que le Temps est un joueur avide / Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.”
En vous lisant, j’ai eu la sensation presque physique du temps qui passe, omniprésent, étouffant, révélé douloureusement dans sa pesanteur et ses contours. Et j’y ai même décelé en filigrane, un clair-obscur à la Rembrandt avec une lumière diffuse, crépusculaire.
Amical salut