Chapitre 1 : le commencement

Nous sommes le jeudi 15 Août 1991, il est tôt, trop tôt.

Contre toute attente, je suis réveillé. Je suis seul, il fait totalement noir, seuls quelques bruits pour le moins … bizarres osent déranger le silence. Je patauge tranquillement dans mon bain, faisant des tours et des galipettes.
Brutalement quelqu’un me tire par les pieds, je ne parviens pas à le voir, j’ai mal et pour me soulager de ma souffrance, mon malfaiteur me frappe. Je ne comprends pas, je suis paralysé par la peur. Il continue jusqu’à ce que les larmes me viennent aux yeux, ça y est, je pleure, je hurle. Je m’étouffe pendant quelques secondes, puis, progressivement je me calme. Je respire.
L’homme cesse alors de me frapper et j’entends du bruit tout autour de moi. Je pleure de plus belle. Je suis couvert de sang, l’individu n’y est pas allé de main morte. Et comme si ça ne suffisait pas, on m’attache enfin pieds et poignets.

C’est donc comme un guerrier que je suis venu au monde.

Quelques séances de torture plus tard, je retrouvais mes parents : Arthur et Amanda.
Je ne les ai jamais vu aussi heureux que ce jour là, ma mère exécutait un tour de force remarquable : elle inondait ses joues de larmes et formait avec sa bouche une sorte de lune renversée. Oui elle souriait en pleurant, le parfait paradoxe. De son côté, mon père n’arrêtait pas de lancer des projets me concernant, il voulait que je sois pilote de ligne, astronaute, président et tout autres métiers dont je ne vous parlerais pas afin de préserver sa crédibilité.

Mes parents m’attendaient depuis plus de 3 ans. Vous comprendrez, je pense, leurs attitudes.

Papa était le plus grand fabriquant d’écrans d’ordinateur de toute la France, il était le propriétaire d’une grande entreprise de plus de 2000 salariés. C’est-à-dire qu’il passait les 2/3 de son temps, hors de la maison, loin de Maman et moi.
Maman s’occupait de la maison : une grande maison que Papa avait achetée grâce à son travail. Elle avait de quoi s’occuper : ménage, jardinage, lessive, cuisine, comptabilité, alimentation, et puis dorénavant … moi.
Oui moi, arrivé sur Terre depuis moins d’une semaine avec le nom de Pierre, jeune garçon brun avec un avenir en or comme disait Papa.
C’était le jour de la rentrée scolaire quand Papa et Maman m’amenèrent pour la première fois dans ma future maison. Dehors, je voyais tous ces enfants courir à travers la foule, manquant de se faire renverser par les voitures à chaque seconde. Leur visages inspiraient à la fois joie et tristesse : la déception des vacances trop vite passées et le plaisir de retrouver leurs copains et copines. Bien sur, pour moi, ce n’était qu’un groupe immense d’inconnus que je regardais avec des yeux ébahis.
Une seconde curiosité m’interpella, les personnes qui accompagnaient ces bambins : les parents ou les grands parents pour la plupart. Ils exprimaient de la façon la plus claire une des sensations les plus en vogue : le stress. « Avaient ils bien mis 2 sandwichs pour le repas de leur protégé ? Allait il bien tout manger ? Allait il oser demander où sont les toilettes ? Allait il se faire des copains ? » … Et tant d’autres questions qu’on pourrait résumer par : Est-ce que les parents allaient tenir le coup pendant que leur enfants profiterait par la plus tranquille inconscience de leur journée sans leur parents chéris ? »
J’étais encore loin de tout ça, j’avais encore quelques années devant moi pour profiter de siestes interminables, de câlins, et de plaisirs nocturnes tels que la vision d’un père qui n’arrive plus à soulever ses paupières et se demande sans une touche d’impatience, pourquoi je me met soudainement à pleurer par cette belle nuit qui vient de faire retentir la troisième heure du jour. C’était donc un programme plutôt agréable qui s’annonçait.
Malgré tous les côtés agréables de trois années et demie de repos intensif, je ne pense pas parvenir à en tirer quelque chose de particulièrement intéressant à raconter.
C’est donc par le beau matin du 19 mars 1994 que nous reprendrons ma vie. Ce matin, ni mon père ni ma mère n’était venu me réveiller, il était maintenant midi passé, l’appétit me fit descendre de mon lit et m’emmena dans la cuisine. C’est là que je les surpris entrain de se disputer. Ce n’était pas facile de comprendre les adultes, mais voici ce que j’ai compris de toute leur discussion : Maman semblait penser que Papa avait besoin de retourner à l’école parce qu’elle l’avait vu avec sa maîtresse.
Je me suis alors dis que ça devait être super bien l’école si Papa allait voir sa maîtresse à son âge, ce qui me rassura sur mon sort futur, mais ne m’expliqua pas la raison de la dispute de Papa et Maman.
La raison, je ne l’eut que bien plus tard, après que Papa et Maman se soit séparés.
C’est la veille de mon anniversaire qu’ils sont venu m’expliquer qu’ils m’aimaient énormément mais qu’ils ne pouvaient plus vivre ensemble parce qu’ils ne s’aimaient plus.
Le lendemain soir, j’étais parti avec Papa, laissant Maman toute seule, j’étais complètement perdu. Après plusieurs heures de routes, j’aperçus par la fenêtre de la voiture de Papa un grand panneau affichant « Bordeaux ». Une dizaine de minutes plus tard, papa s’arrêta devant une grande maison au bord de l’eau et me dit :
– Nous sommes arrivés, j’espère que la maison te plaira.
Je lui répondis par un grand sourire que la vision que j’avais de mon nouveau chez moi avait réussi à me rendre.

Article précédent

Se satisfaire du bonheur des autres fait il de nous des égoïstes ?

Il est certain qu'on trouve du bonheur dans celui des autres. La question que je me pose est: cette recherche du plaisir fait-il de nous des égoïstes ?
Lire l'article
Illustration de l'article "10 conseils pour écrire un poème"
Article suivant

10 conseils pour écrire un poème

Que vous ayez envie d'écrire un poème pour la fête des pères qui approche, ou que vous souhaitiez simplement entrer dans le merveilleux monde de la poésie, voici quelques conseils pour débuter
Lire l'article